Peut-on faire confiance aux bébés pour manger de façon autonome?
Comme les bébés dépendent de leurs parents, il peut être difficile de leur faire confiance pour se nourrir eux-mêmes.
Peut-on faire confiance aux bébés?
C’est quoi la motivation intrinsèque?
La motivation intrinsèque est lorsqu’un bébé décide s’il veut manger et combien selon ses propres besoins, qu’ils soient physiques ou émotionnels, plutôt qu’à cause d’une pression ressentie.
Considère l’exemple suivant :
Toute la famille mange des pâtes pour souper et c’est la première fois que le bébé est exposé à cet aliment. Le bébé décide d’en prendre avec ses mains et de jouer avec, mais il n’en mange pas. La prochaine fois que des pâtes sont servies, le bébé en met dans sa bouche pour seulement en cracher par la suite. C’est après la troisième exposition que le bébé prend une petite bouchée de pâtes.
Il est normal que ça prenne du temps avant qu’un bébé commence à manger lui-même. Ce qui compte, c’est qu’il sache que ses parents lui feront confiance pour manger l’aliment quand il sera prêt.
Comment la motivation interne diffère-t-elle de la motivation externe?
Le renforcement positif, tel qu’offrir du dessert ou dire « Bravo! Je suis fière de toi! » seulement quand un bébé finit son assiette est un exemple de motivation externe. Punir un bébé et ne pas le laisser jouer à moins de manger (même s’il ne veut pas) est aussi un exemple de motivation externe.
Pour reprendre l'exemple des pâtes, si les parents empêchent le bébé de jouer avec la nourriture et le forcent à manger, cela peut nuire à son confort, à sa curiosité et à son plaisir de manger.
Voici d’autres exemples de motivation externe vs interne :
Motivation externe
Un bébé finit son assiette pour avoir du dessert.
Un bébé mange ses légumes pour pouvoir jouer avec ses jouets.
Un bébé mange ce qui lui est donné pour plaire à ses parents.
Un bébé mange un nouvel aliment parce qu’elle reçoit un autocollant pour chaque nouvel aliment essayé.
Motivation interne
Un bébé finit son assiette parce qu’il a faim.
Un bébé mange ses légumes parce qu’elle apprécie les saveurs et les textures.
Un bébé mange ce qui lui est offert par curiosité pour l’odeur.
Un bébé essaie un nouvel aliment parce qu’elle voit sa famille le manger.
L’impact de la motivation externe sur le développement des enfants
Parce qu’une autre personne prend le devant avec la motivation externe, ça peut mener au bébé :
À ne pas apprendre ou développer les fonctions sensori-motrices adéquates.
À manquer de confiance en ses capacités à s’alimenter.
À devenir dépendant de facteurs externes comme les récompenses.
À ne pas faire confiance à ses signaux de faim et de satiété.
Les articles scientifiques
Dans une étude, les parents de 170 étudiants universitaires ont rempli un questionnaire sur la façon dont ils nourrissaient leur enfant, et les étudiants ont fait de même en se remémorant les pratiques alimentaires de leurs parents. L'étude a révélé que la pression exercée sur les enfants pour qu'ils mangent entraînait davantage de troubles alimentaires et moins d'alimentation intuitive à l'université (1).
Pourquoi la motivation intrinsèque est-elle importante?
Les parents adoptent parfois une approche alimentaire autoritaire par crainte pour la santé de leur bébé ou parce qu’ils se sont fait dire que leur bébé « doit ingérer un certain volume de nourriture à chaque repas ». Cela peut provoquer de la résistance chez le bébé, ce qui augmente la pression à l’heure du repas et peut nuire à sa relation avec la nourriture.
Les repas en famille aident le bébé à explorer son environnement et à acquérir de nouvelles compétences. Une étude a même démontré qu’ils peuvent améliorer le bien-être et la santé mentale des parents (2).
Comment la motivation intrinsèque influence-t-elle l’apprentissage?
Encourager la motivation intrinsèque chez le bébé l’aide à se sentir à l’aise et en sécurité de même qu’à être plus concentré. Dans cet état, le bébé sera davantage prêt à apprendre et à être réceptif aux nouvelles sensations qu'il rencontrera lors du repas.
Un bébé mange mieux quand il se sent bien physiquement et émotionnellement. En associant des expériences positives à l’alimentation, le bébé sera plus enclin à revisiter ces expériences, lui permettant de continuer à apprendre et à développer ses compétences alimentaires.
Alors…peut-on faire confiance aux bébés pour manger de façon autonome?
Oui! Tout comme avec l’allaitement, les bébés devraient être en contrôle de leur alimentation. Les parents doivent les accompagner et les soutenir, mais c’est le bébé qui prend les décisions finales. Être à l'écoute de la motivation intrinsèque des bébés les aide à développer des compétences et une relation positive avec les aliments à long terme.
Pour en savoir plus sur la motivation intrinsèque chez les bébés, inscris-toi à notre formation du 3 décembre : « La motivation intrinsèque : Faire confiance aux bébés de se nourrir de façon autonome dès leur première bouchée ».
Cette formation met l'accent sur le rôle important que joue la motivation interne dans la capacité du bébé à assimiler les expériences alimentaires et à faire des progrès significatifs en matière d'alimentation. Vous apprendrez le rôle du lien entre le cerveau et le corps dans la reconnaissance, l'interprétation et l'intégration des informations externes et des signaux corporels internes, et comment créer des expériences alimentaires significatives qui faciliteront la participation aux repas et le développement des compétences.
Objectifs d’apprentissage :
Énumérer les motivations externes à l'alimentation et expliquer les problèmes liés à leur utilisation dans l'alimentation.
Énumérer les motivations internes à l'alimentation et expliquer pourquoi elles sont importantes pour le développement moteur, le traitement sensoriel et le développement de l'autorégulation.
Énumérer les obstacles internes et externes qui empêchent de reconnaître les motivations internes et d'y répondre.
Expliquer comment faciliter les motivations internes à l'heure des repas et dans le cadre de la thérapie alimentaire.
Formatrice : Emmanuelle Dumoulin, Dt.P. nutritionniste
Collaboratrice : Heidi Moreland, MS, CCC-SLP, BCS-S, CLC orthophoniste
Biographie d’Emmanuelle : Emmanuelle Dumoulin, Dt.P., est nutritionniste et une maman passionnée par la nutrition. Diplômée en science de la nutrition, en transformation alimentaire et titulaire d'un certificat en santé publique, ses connaissances sont vastes. Après être devenue mère, elle s'est intéressée de près à la nutrition pédiatrique, plus particulièrement à l'allaitement maternel et à la diversification alimentaire menée par l’enfant qu'elle a mis en pratique pour son plus jeune enfant. Elle croit que les petits changements sont la clé du succès !
Biographie de Heidi : Heidi Moreland MS, CCC-SLP, BCS-S, CLC est une orthophoniste connue des États-Unis avec près de 25 ans d'expérience, spécialisée dans les troubles de l'alimentation et de la déglutition chez l'enfant. En tant que coordinatrice clinique et thérapeute traitante à Thrive by Spectrum Pediatrics, elle a consacré sa carrière à aider les familles et les enfants à surmonter les problèmes d'alimentation et à établir des liens plus profonds par le biais de la nourriture.
Références
Ellis, J. M., Galloway, A. T., Webb, R. M., Martz, D. M., & Farrow, C. V. (2016). Recollections of pressure to eat during childhood, but not picky eating, predict young adult eating behavior. Appetite, 97, 58–63. doi: 10.1016/j.appet.2015.11.020.
Utter, J., Larson, N., Berge, J. M., Eisenberg, M. E., Fulkerson, J. A., & Neumark-Sztainer, D. (2018). Family meals among parents: Associations with nutritional, social and emotional wellbeing. Preventive Medicine, 113, 7–12. doi: 10.1016/j.ypmed.2018.05.006.
Merci à Heidi Liefer Moreland d’avoir fourni le contenu pour cette publication.
Écrit par Angie Daher, étudiante en diététique de l’Université McGill, et édité par Jessica Coll